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love the way you lie
Sam 20 Avr - 6:18
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Sous les premières lueurs orangées d'un crépuscule tombant, les grondements de la BMW noirâtre, avalant l'asphalte sous le crissements de ses roues, venait à franchir les rues de Chicago d'un rythme indolent, nonchalant. Derrière les vitres teintées, sous les nuées placides d'une fumée vaporeuse aux bras évanescents, les néons des avenues dansaient sur ses prunelles noirâtres en une myriades de constellations denses, compactes. Et dans son âme lasse, désabusée, ses tombeaux éteints, étaient à la recherche de vestiges amorphes, où criaient des spectres aphones. Aux voix dévorées par une psyché sépulcrale. Ondulant, glissant, de leurs souffles pernicieux caressant son échine. Lourde. Comme épuisée du poids d'une démence hantée, habitée, par des mémoires qu'il aurait du bannir. Condamner au fond des gouffres béants de ruines endolories, meurtries, par force d'entrechocs archaïque. Là où l'ombre de ses traits avaient finis par jeter leurs dévolu. Recouvrant les tourments de sa peine, ses regrets, son amertume, en un manteau d'atrocités enténébrées.

Et l'enfant lunaire. Sélénien. Avait fini par suivre la trace de ces éclats blafards, maladifs, jonchant sa route en un chemin tout fait. Embrassant les perversions de nuits voilées, volées, en d'instants secrets. Après tout, la nuit, n'était-elle pas, le meilleur des apparats ? Lui. À l'accent chantant, aux prunelles azuréennes. Lui. Presque mystique, sur son île étriquée où les ragots et rumeurs allaient bon train. Lui. L'étranger, dans son monde étrange. Qui dans sa fuite, avait laissé résonner l'écho de ses murmures salvateurs. Et pourtant, porteur d'une épidémie, d'une gangrène, rongeant ses pensées, son être. Le son de sa voix s'insinuant au creux de ses oreilles, de son derme roulant contre le sien, de son souffle dont il s'était abreuvé comme s'il s'étais agis d'une ambroisie.

Il avait suffit de murmurer les bons échos aux bonnes oreilles pour que les roues grondantes ne s'arrêtent sur les pavés humides de pluie. Et derrière ces vitres fumeuses, se détachait une silhouette parmi les ombres. Presque féline, nonchalante, à sa façon de toiser ces écriteaux tremblants au rythme des bourrasques nocturnes. La manière dont ses prunelles noirâtres, gorgées d'encre et de suie avait de dévorer les vaines lueurs émanant de la boutique. D'un signe au chauffeur, il repoussa la portière, jusqu'à ce que ces richelieus n'écartèle quelques gouttes froides, réfugiées contre le bitume en un nid aqueux. Et le voilà qu'il se tenais là, au devant de vitrines poussiéreuses, ornée de statuettes et de meubles boisés.

Comme un déluge de larme crachés d'une empyrée noirâtre, le froid de la pluie s'insinuait sur son long manteau noir au col relevé, jusqu'à venir imbiber sa peau de morsures gelées, refroidissant ses os de frissons désagréables. S’emmitouflant sous son cuir humide, il s'avança au devant de la devanture où se balançait dans le vide, une petite pancarte d'écriteau rouge où il y étais inscrit la fermeture de la boutique. Cela ne l'empêcha pas pour autant de poser l'une de ses mains ocreuses sur la poignée grinçante, qui dès lors, s'ouvris à sa plus grande surprise. Quelqu'un, semblait-il, avoir oublié de fermer derrière lui. À moins que l'hôte des lieux n'ait l'esprit bien trop prompt à la tâche pour pouvoir y penser.

Mais l'ambiance feutrée de la pièce laissa place à un silence apaisant, face au vacarme de la pluie s'abattant sur les vitres. Ses vêtements gorgées de pluie laissèrent quelques traînées suintantes sur le plancher, dans le sillage de ses pas le menant jusqu'à s'accouder au comptoir. Comme des ombres traînantes, rêveuses, une silhouette familière lui parvenait de l'arrière-boutique. Qu'il suivais, dévorais, de ses orbes songeuses, soulignées de cernes noctambules. L'esprit bien trop emplie de pensées voraces pour pouvoir se laisser basculer dans le repos.

D'une poussée leste, souple, il vint à soulever le poids de son corps sur le comptoir afin de se mouvoir de l'autre côté de celui-ci. Retombant de sa silhouette svelte, agile, toutes en muscles noueux sur le bout de ses pieds. Glissant et rampant parmi ses paires et sœurs nocturnes, ces ombres, coulantes, ondulantes, comme des bras de soie sur sa marche silencieuse. Rôdeuse.  

« Je t'ai dit que je viendrais, Koda. »

Comme un murmure, craché de l'antre de bras ténébreux, sempiternels. Sa voix, cet éclat lugubre, placide, à l'éloquence meurtrière. Et lui, de surgir comme la lente montée de la lune afin de se parer de ses lueurs ivoirines, d'entre le néant d'une sorgue orageuse. Là, à le fixer depuis le chambranle de la porte, ce briquet, sortis de sa poche, illuminant brièvement son visage au même rythme que les étincelles rougeoyantes de cette cigarette perchée à ses lippes.

« Tu ne vas pas m'en vouloir, si ? »




Dernière édition par Érèbe Vasilios le Mer 24 Avr - 5:55, édité 1 fois
Re: love the way you lie
Mer 24 Avr - 4:58
Cole Zavialov
Cole Zavialov
Jake Cooper
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23/03/2019
victime de cupidon
Have you ever felt love slowly dying?
But can it be born again? Lord, I’m trying.
Attitude

You don’t think I’m trying

Les nuits sont sombres, les jours sont longs. Hantées par tes souvenirs qui reviennent comme de vieilles ritournelles abrutissantes tirant sur ton palpitant fatigué d'entendre ces vieilles mélodies oubliées. Le cœur en charpie, l'âme acide d'avoir retrouvé cette partie de toi que tu pensais avoir éteinte. Abrasion de ton cœur quand son prénom résonne dans ta tête, ça frappe dans toutes tes cellules. Et les nuits sont longues, tu peine à fermer l'oeil. La culpabilité cinglante qui pulse à l'intérieur de toi, parcours tes veines pour blessé un peu plus ton cœur.  Érèbe.  Prénom d'un autre temps, mythologique, légende qui a hanté un jour ta vie. Tu pensais t'être débarrasser de cette époque, avoir joué un tour au destin. Tu pensais qu'il ne reviendrait plus posséder tes sens , écorcher tes chaires. Tu pensais, voilà. Tu croyais. Tu étais certain que tu réussirais à t'en débarrasser.  Tu pensais qu'il te faudrait seulement un peu de fermeté, que tu pourrais , d'un revers de main, balayer tout ce qu'il avait représenter pour toi, parce qu’après tout, n'était-ce pas il y a déjà si longtemps ? Tu pensais qu'il serait si simple de retourner à ta vie. De faire comme si tout ça n'était qu'un rêve étrange. Tu pensais que tu pouvais tout enfermé à l'intérieur de toi, comme une boite de pandore. Tu pensais que tu pourrais cadenasser ta peine, et la laisser pourrir dans un coin de ton être, tu pensais que ça serait bien plus simple. Tu l'as fais une fois, tu peux le refaire encore. T'en es persuadé. Et t'as essayé d'identifié la douleur pour pouvoir la capturé , T'as essayer de te convaincre que ça représentait rien pour toi.

Rien ,rien ,rien.

Rien du tout. Mais, tu passes tes nuits à cogité. Tu passes tes journées à tenter d'oublier en occupant tes pensées dans ton travail, dans ta famille. Tu penses aux choses les plus banales, tu penses à Nicu. Tu penses à ta sœur , à sa disparition. Tu penses à ta mère, malade. Oublie pas qui tu es, Koda. Oublie pas ce que tu représentes pour ceux qui t'entourent. Et encore plus maintenant qu'Olga a disparu. Tu peux pas. Tu peux pas t'épancher sur tes amours perdu. Tu peux pas passer ton temps à pleurer un homme que tu as quitté alors que tu n'étais encore qu'un jeune homme qui ne connaissait rien à la vie. Dix ans c'est pas grand chose. Pourtant, dix ans c'est pas si long. Pourtant, cette décennie a changer ton cœur. Elle t'as transformé complètement. Elle a fait de toi une personne différente.  Et tu t'es reconstruis sur les ruines encore incandescentes que le choix déchirant que tu avais du faire avait laisser dans ton intérieur. Tu as mis des mois. Des années, à poser les premières pierres à l'édifice branlant, menaçant de se briser de nouveau sous les coups habiles de son assaillant. Tu le sais, il pourrait s'emparer de ton cœur, le rendre poussière. Faire de toi, une simple relique. Et tu as peur, tu as peur de ne plus être vraiment cet homme qu'il a aimé. Tu n'éprouves plus les amours juvéniles. Tu as oublié, la passion, le désir en gerbe dans les entrailles tiraillées. Tu es trop éteint, quand lui, brille encore comme les premiers jours. Tu as vu son regard brillé, son visage pulser, contrit par des émotions que tu n'es même plus certain de pouvoir ressentir. La colère ? La déception ? L'amour ? La passion ? Pour quoi faire ? Non. Tout ça, c'est du passé. Et tout ce que tu ressens, lorsque tu y penses c'est la haine. La rage. Le désespoir. Tu connais les détails de ton visage lorsque tu mens ,  tu connais les affres de tes peines lorsque tu te risques à y plonger. Tu connais le danger de l'amour. Tu t'es déjà vu sombrer. Tu ne ressens plus que tes sens en alertes. Plus que la haine de ce qu'il provoque. Il ne sait pas, lui. Il ne t'as pas vu pleurer. Il ne sait pas ce qu'il s'est passé lorsque tu es rentré.  

Peut-être que c'est de ta faute, quelque part. Peut-être que c'est parce que tu as toujours préféré lui inventer de belles histoires, que tu as inventer une mythologie sur ton pays, sur tes origines. Tu lui as offert de belles histoires de princes lointains, de lacs, grands comme les mers et de maison, qui touchent le ciel. Tu as prétendu connaître le monde pour l'émerveillé, mais voilà, tu ne connaissais rien. Pas plus que lui. Pas plus que les autres. Tu n'as jamais été un prince, et tu ne prétendras plus être le roi de quoi que ce soit. Ton seul royaume est fait de bois, de meubles anciens et de tentures vieillit. Ton seul univers, ton seul réel plaisir, c'est d'entendre le bois craqué sous les assaut de tes outils. Il n'y a bien qu'ici que tu te sentes en vie. Il n'y a bien qu'ici que tu te sens être toi-même réellement. Lorsque tes mains travaillent le bois. Lorsque tu crée, lorsque tu sculpte. Ici, voilà. Ici tu te sens heureux. Même si tu es continuellement au bord de l'épuisement. Même si tu te retrouve endetté et perdu , ici, c'est ton royaume. Il ne brille pas. Il n'est pas enchanté. Il se cache au fond de grandes rues pavées. Il semble venir d'un ancien temps, et il n'y a que les objets brisés, qui viennent y prendre place. L'odeur étrange qu'on ne retrouve qu'ici te réconforte. Un mélange de cire, de vernis, de copeaux de bois et l'air lourdement chargé en poussière. Ici, ici plus qu'autre part. Tu te sens chez toi.  

Ici, plus qu'autre part, tu arrives à l'oublié. Alors tu laisses le son rassurant de la pluie battante qui couvre les rues d'ondes noirâtres, tu l'accompagne de bruits mécaniques sortant de tes machines, tu l'accompagne de tes bras, ponçant, avec précaution, ce vieux siège déchiré, à la robe grisonnante, d'époque. Le chêne s'effritant sous tes doigts expert lorsque tu entends la porte sonné dans un tintement distinct auquel tu ne prête pas attention. « -Nous sommes fermé. » Tu lances, la voix, toujours trop forte, le timbre étouffé par le masque de protection que tu portes et ton accent lourd rendant presque incompréhensible chacun de tes mots. Mais tu n'entends plus rien. Et pendant quelques instants, tu penses avoir rêver. Tes oreilles, tu le sais, te joues parfois des tours. Alors , tu baisses de nouveau les yeux vers ton œuvre, retirant ton masque pour reprendre une bouffée de cigarette qui fume dans le cendrier en pâte à sel , celui que t'as fait ta petite sœur, alors qu'elle était encore petite.  Tu soupire longuement, la fumée, le regard presque perdu vers la fenêtre ruisselante de gouttelettes roulant sur sa surface, tu penses à lui. De nouveau.  Tu fermes une seconde les yeux, Exulte les moindres sons qui te parviennent encore. Tu le sais. Un jour, tu n'entendras peut-être plus rien. Un jour, il ne restera plus que le bourdonnement désagréable qui s'agite à l'intérieur de ton crâne, comme pour refléter celui de ton cœur, une douleur sourde. Et tu entends des pas s'approcher de toi, te faisant rater un battement sous la surprise lorsqu'enfin tu ouvres les yeux, tournes la tête, et que tu aperçois son corps sculpturale glisser vers toi. « Tu ne vas pas m'en vouloir, si ? »  Érèbe. Érèbe que tu pensais pouvoir ignorer. Érèbe qui revient toujours vers toi. Érèbe que tu repousses, à qui tu hurles de partir, que tu prie de voir pourtant en secret. Pourquoi est-ce qu'il te fait ça ? Pourquoi est-ce qu'il ne comprends pas que tu n'es pas celui qu'il attends ? Pourquoi est-ce qu'il ne constate pas, au fond de tes traits , les mensonges qui y résident ? Pourquoi est-ce qu'il ne capte pas, au creux de ton épiderme, que tu as perdu le courage et puis la fougue. Pourquoi est-ce que tu l'aimes ?  

Tu sens bien les couleurs de ton âme, si fades, si fanées, tu vois bien, le destin qu'il t'offre. Tu connais déjà l'issue de cette passion déjà passée. Tu sais, tu sais. Tu n'as plus grand espoir. Et tu n'est pas prêt à lui offrir une chance. Pourtant, tu vois, c'est toi qui te meut pour le rejoindre de deux pas. C'est toi, qui glisse une main sur le visage humide de l'homme que tu n'arrive pas à oublier. Morceau de ton âme égaré qui s'est logé dans la sienne. Regardes. Là. Le destin entre ses éphélides. Là. Le destin encore, dans ses iris abrasives, destructrices. La fierté de l'homme tout fait, le regard droit, l'accent chantant. Là. Là. C'est toi. Tu vois ? C'est toi qui hurle à quelque chose, sans trop savoir quoi. Toi, Koda. Qui écrase tes lèvres contre les siennes. Qui souffle sans parler, des mots qui n'existent pas. Tu jettes peut-être un sort, pour ne pas qu'il t'oublie. Tu ne sais pas. Mais c'est toi. Toi, encore, dont la main se glisse contre sa nuque. Juste pour ce soir , tu te dis. Juste pour ce soir ou c'est peut-être un adieu. Et tu supplie de tes lèvres contre les siennes, qu'il n'ose pas parler. Qu'il se taise. Qu'il taise ses reproches et te laisse oublier, les erreurs et les choix que tu n'aurais pas fait dans une autre vie, un autre univers. Tu ne veux pas entendre tes mensonges. Tu ne veux plus rien entendre. Et tu laisses ta main, remonter dans ses cheveux détrempé de pluie, tes ongles se plantés dans le cuir chevelu de l'homme qui te fait face. Au diable, au diable. Tu veux simplement tout oublier. Le retrouver. Au diable, vos souffles épuisés, et au diable ta culpabilité. Juste pour ce soir. « -C'est un adieu. » Tu préviens, sans réellement y croire, lorsque tu l'abandonne une seconde, pour retirer ton t-shirt. « -C'est vraiment un adieu, Érèbe. » Comme une promesse, quand tu viens te serrer contre lui, glisser tes bras autours de sa taille et que tu l'embrasse à en perdre le souffle. Un adieu, un adieu. Parce que tu n'es plus celui que tu avais un jour été. Un adieu. Un adieu. Pourtant te voilà à déchirer sa chemise, passionné. N'avais-tu pas oublié la passion ? Menteur. Menteur. Tu plantes tes dents dans son épaule découverte et tes griffes contre ses hanche, le repoussant contre ta table de travaille encore pleine de copeaux de bois.  Qu'il soit à toi. Juste pour cette fois.

Et ensuite, tu diras adieu.

(c) DΛNDELION
Re: love the way you lie
Mer 24 Avr - 7:41
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Dit moi, Koda. Raconte-moi, comment les lacs de ta patrie s'abreuve de vos terres. Comment la caresse du soleil macule leurs écumes de langues dorées. Raconte-moi, l'imprenable vue édénique du monde, qui de là haut, sur vos balcons aériens, comment paraît-il si minuscule. Dit moi, Koda. Encore. Et encore. Je veux l'entendre. De ta voix.

Rien qu'une fois.

Le monde aujourd'hui, est-il comme tu l'avais imaginé ?


Terne. Fade. Froid. Comme un centre commercial à la tombée de la nuit. Vide et creux. Ces grands halls, qui de jour, s'emplissent de rires et de vœux. Parce que les bruits se dissipent et le silence, dans son agonie solitaire. Se fait angoissant. Intouchable. Invincible. Maître d'un néant qui l'envahis de son venin contagieux. Parce que silence, est ce qu'il y a de plus pire, dans un esprit où résonne le vacarme d'un chaos tonitruant.

Et soudainement. En l'apercevant. Là. Dans les entrailles poussiéreuses de cette petite boutique à l'odeur boisée. Au son de la scie qui s'éteint. De ses prunelles, dont l'azur vif, iodé, écartèle les siennes jusqu'à les dissoudre. Les rendre aussi liquide que le sel de cette mer où ils avaient fait s'échouer leurs pas. Les couleurs reprennent de leurs entrains. La fadeur, se fait évanescente. S'évapore. Comme une nuée aveugle de rais se retirant à l'éveil du crépuscule.

Et Koda. Cette ombre polychrome, que même ses prunelles ne parviennent plus à saisir correctement. Seulement un courant fou, frénétique, pourfendant son myocarde de palpitements tumultueux. Koda. Qui se disait prince. Koda. Qui venait à se paraître de mensonges plus beau qu'ils n'auraient du l'être. Koda. Maître de ses songes, prêt à embellir le monde. Son monde. Leur monde.

Aujourd'hui encore, il y croyait. Aveuglément. D'une force qui dépassait l'espérance.

Et les murmures, qui s'échappent, se terre, dans les profondeurs de sa gorge grondante sous la caresse inouïe de jumelles embrasées.

C'est comme une sensation ténue. Fugace. La peur que tout se dissipe. Que ce rêve s'échappe, à nouveau. Loin. Hors de la portée fébrile de ses lippes tremblantes. Que ce mensonge de trop n'en sois pas un. Que la chute, terrible, infernale, l'attende à la fin de ce souffle extirpé à la barrière de ses lèvres. Que chaque battement, chaque geste, chaque souffle, ne sois qu'un pas de plus vers l'agonie de leurs mémoires enchevêtrées. Que cette poigne, qui le soutienne, comme la main d'un géant l'approchant du soleil, ne sois qu'un seconde chimérique de plus, arrachée à l'éternité du temps infaillible.

Mais tout est bien réel. Le son de sa voix hachée, prise d'une adrénaline libidineuse, entrecoupée de souffles exaltés. La force de ses doigts creusant dans sa chair, écartelant son col afin de mieux se fondre aux mèches de suie, imbibées, humides de pluie, dévalant le longs de leurs dermes entremêlés. La griffure âpre de ses ongles, qui comme de longues griffes nocturnes était sur le point de s'abreuver, une énième fois, des immondices de sa psyché.

Encore une fois. Koda. Ce magicien. Cet illusionniste dont il buvait les faits et les gestes. Là, dans une attente qui lui paraît interminable, alors qu'il se dévêtis sous ses yeux. Lui offrant la carne ocreuse d'un torse puissant, vigoureux. La mémoire enterrée de ses nuits passées la tête près de sa puissance ferme, à écouter les ronronnements sanguins de ces veines battant sous sa peau. Et lui. Que d'être là. Hypnotisé. Sans savoir quoi faire. Sans reconnaître ce désir farouche lui essorant les entrailles d'une peur horrifique. Dévisager, le miroir de son inconscience. À lui. À cet homme qu'il n'étais plus et qu'il redevenais, à nouveau.

À ce gamin candide, à la torpeur rêveuse, insatiable. À cet homme, qui aujourd'hui, n'était plus que l'armature raide de réminiscences solaires.

Et Koda. Ce lien. Cette passerelle. Au travers de deux voiles divergents. L'équilibre. Son ancre songeuse. À la lisière du vrai et du faux. Seul lui. Qui de ses mains était capable de prouesses extraordinaires. Forgeron de son âme confuse. Et le marteau, frappant le fer rougis, jusqu'à en faire jaillir des étincelles.

Comme celle de cette cibiche, qui tombe au sol dans un fracas de braises vaines. Étouffées par la course frénétique de leurs pas. De ce manteau, si large, si étouffant, qu'il ne paraît qu'avoir été un tissu de volutes fumeuses. Leurs dextres, senestres, qui s'empressent, se dépêche, sous la montée déchaînée d'une ardeur révoltée. Se touchent, s'affrontent, s'esquivent en une chaîne successives de gestes maladroits. Des boutons qui volent d'une chemise au prix exorbitant, dont il se soucis guère. Car il est là. Lui. Qui l'obnubile. Dans ses pensées, dans les gouffres léthargiques de son sommeil, dans les silences endoloris de son absence, dans chacune de ces pièces reconstituées de ces halls de marbres polis.

Là. Dans sa peau. Dans son âme, marquée du fer rouge de la sienne.

Ses crocs fauves plantés dans sa chair couverte de vagues d'encres, la griffure prédatrice de ses ongles martelant ses hanches. Et ses mains qui l'encercle, là, comme un étau approbateur. Qu'il serre. Plus fort. Jusqu'à couvrir son corps du sceau de sa volonté. Parce que le chasseur n'est plus qu'une proie résignée dans la cage de son derme. Là. Contre cette table où réside encore le fruit de son travail. Pantelant. Tremblant. Comme une poupée de chiffon prête à s'évanouir entre ses bras.

Dans cette attente, longuement malmenée. Ce vœux, inespéré, qui émiette ses prunelles de lueurs brillantes. Parce qu'il pourrait pleurer. Lui. Cet homme à la morgue froide, revêche, indomptable. Lui, si prompt à rompre le flux de ses émotions d'un battement de paupières. Lui, qui s'effondre et geint entre ses grands bras musculeux.

« Je ne veux pas y croire. »

Qu'il laisse s'échapper dans une plainte faible. Alors que l'accalmie se fait à nouveau maîtresse dans la coulée démente de leurs mouvements. Que ses mains se déploient, là, pour prendre son visage en coupe. Et d'une supplique. À ce sort, cette malédiction que lui as jeté Koda depuis qu'il l'a aperçu pour la première fois sur les rivages de son enfance.

« S'il te plaît... Laisse moi ne pas y croire. »

Des paroles, qu'il délaisse dans un baiser. Avant que ses mains ne le relâche pour venir déboucler les attaches de sa ceinture qui cède dans un tintement métallique. Que bientôt, au sol, sous leurs pieds, il ne reste plus qu'un lambeau de vêtements amoncelés comme des vestiges. Des preuves, de leurs nudités. Et son corps. Ce corps.

Celui que Koda n'a pas connu. Celui qui désormais se recouvre d'ombres mouvantes sur des membres fermes, énergiques, tout en muscles noueux. Celui qu'il apprendra à connaître de nouveau. Alors qu'il se retourne, lui fait dos, face à cette table couvert de copeaux. Une écharde vaut-elle mieux qu'une décennie de frustration ? Mille fois oui.

Mais il les repousse, du dos de la main, avant de venir reposer sa tête entre ses courbes. S'incliner, sous le joug de cet homme dont il sens la morsure azuréenne de ses orbes courir sur son épiderme. Et lui, de s'offrir. Sans freins. Lui offrant la vision sculpturale d'une cambrure souple. La, dans la vallée où les ombres dévorent la lumière.

Re: love the way you lie
Sam 27 Avr - 1:13
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23/03/2019
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Koda Lupesco a écrit:
Have you ever felt love slowly dying?
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Re: love the way you lie
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