TRAITS DE CARACTÉRES

Rancunière - violente - emportée - tient plus que tout à la justice - férue d'honneur - sauvage - solitaire - ne laisse pas paraître ses faiblesses - généreuse - râleuse - téméraire - désillusionnée - pragmatique - moqueuse - susceptible

Histoire

Nemza est née pour être esclave. Sa mère, barbare prisonnière de guerre, l'était avant elle mais elle ne sait pas grand chose de plus de cette femme dont elle a été séparée, vendue dès son plus jeune âge à un autre. Son père, elle ne le connaît pas. Elle a grandi pour servir, modelée pour suivre les ordres, et elle aurait pu le faire toute sa vie. Les brimades des nobles, elle avait appris à les prendre pour de l'humour. Elle avait appris à avoir honte de la langue et de la culture des siens. Et pourtant.
Punie pour un vol qu'elle n'avait pas commis, alors qu'on lui avait arraché un paquet appartenant à son maître pendant qu'elle devait l'apporter à quelqu'un en la tenant pour coupable de la disparition de l'objet, Nemza comprit durement ce qu'était l'injustice quand le fer rouge s'abattit sur son visage. Elle est défigurée, Nemza. La moitié de sa face est parcourue par une horrible cicatrice, qui déforme un peu plus ses traits quand elle sourit. Elle est borgne Nemza, parce que le feu a tué son oeil. Elle est laide, elle fait peur aux enfants. Et tout ça, ça lui est arrivé alors qu'elle n'avait même pas encore quatorze ans.
Trop laide pour le service, traîtresse à qui on ne pouvait plus rien confier d'important, esclave sans valeur, on l'envoya travailler la terre. Elle souffrit en silence, apprenant à haïr. Elle avait cru être à sa place, même si celle-ci n'était pas enviable, mais elle comprenait désormais que ce n'était pas le cas. Et que les nobles, si supérieurs, si intelligents, pouvaient être injustes. Et mauvais.
Mais le maître mourut. Il inscrivit dans son testament qu'il affranchissait tous ses esclaves, par détestation envers son héritier plus que par compassion d'ailleurs. Alors Nemza, à seize ans, elle se retrouva libre. Sans argent. Sans travail. Sans rien. Personne ne voulut l'embaucher comme domestique, trop laide, marquée par une punition qu'on n'infligeait qu'aux traitres, qu'aux voleurs. On la renvoyait en lui disant qu'elle avait déjà de la chance d'avoir ses deux mains et que son maître avait été... Indulgent.
Désespérée, Nemza prit la route. Vers la terre des siens, de ses ancêtres, vers ceux qui ne comprendraient. Elle marcha des jours, avec pour seul repère la montagne et la forêt qu'on lui avait toujours désignées comme celles de son peuple. Mais le voyage était long, bien trop pour une jeune fille comme elle, et elle se retrouva vite en difficulté. Sans nourriture, sans carte, sans savoir lire, sans connaître personne d'autres que ses anciens compagnons d'infortune.
Mais, il y avait Abelard. Un chevalier, un vrai, adoubé, en armure. Il avait pitié d'elle, il connaissait son ancien maître. Horrifié par le traitement que ce dernier avait prévu d'infliger à la demoiselle, c'était lui qui l'avait convaincu de s'en tenir à la marque et de ne pas la mutiler davantage. Il l'avait suivie, intrigué par ce qu'elle allait faire, et se sentant coupable de ne pas avoir fait plus pour elle, coupable de la voir faire face à de telles difficultés rien que par son physique. Rejetée des auberges, rejetée des menus emplois qu'elle aurait pu accomplir, tout ça pour un vol dont on l'avait tenue coupable mais pour lequel on avait pas de preuves.
Il l'accompagna jusqu'aux siens, Abelard, sans rien lui dire de ses motivations. Il lui apprit à tenir une épée, à monter à cheval. Et quand la demoiselle eu atteint son objectif, il disparut, considérant sa dette remboursée. Nemza, trop heureuse de se trouver enfin une famille, un clan, ne le chercha pas tout de suite. Recueillie par ceux qui comprenaient ses blessures, par un peuple affaibli mais fier, elle apprit les coutumes qu'elle ignorait encore, elle apprit un peu mieux leur langue et ses beautés, découvrant qu'il ne s'agissait pas que d'une langue d'esclave mais aussi d'une langue de poésie. Elle devint si fière d'être elle-même, Nemza. Elle promit de les défendre, elle promit de libérer tous les esclaves, elle promit de ne plus jamais courber l'échine. Alors, après plusieurs années d'enseignement, après avoir découvert la magie ancestrale du clan qui l'avait accueillie, après avoir rencontré Aeron, le loup qui devint son compagnon de route et auquel elle lia son esprit selon les antiques lois,  elle repartit, Nemza. Vers ceux qui l'avaient fait souffrir. Pour se venger. Et pour revoir Abelard, pour le remercier de son aide.